mercredi 28 février 2007

Bayrou : Quand la fiction peut devenir surprise

Si Bayrou atteint le 2d tour, ce qui n'est pas "techniquement" impossible, il est donné pour vainqueur à coup quasi sûr. Il plafonne aujourd'hui à près de 20% (19% pour le sondage Paris Match Ifop du 1/03), et continue d'agacer les autres candidats. La campagne bat son plein, avec son lot de rebondissements, d'affaires et d'évolution de la société.

Je fais part ici d'une intervention que j'ai faite dans une discussion sur Yahoo Questions/Réponses au sujet de l'éventualité d'un Bayrou au second tour.

La raison n'est pas compliquée à expliquer. Bayrou a dit qu'il proposera un gouvernement d'union nationale regroupant des membres de tous les grands partis républicains, de gauche comme de droite. Mais sans donner plus d'infos sur un éventuel premier ministre, si ce n'est un profil à la Delors .... (dixit FB en personne). Il s'est engagé également à faire participer les français à des décisions importantes (retraites) et n'aura pas peur de recourir à des référendums.

En attendant, pour sa campagne, il écarte Ségo et Sarko de toutes ses forces, arguant (à juste titre) que les grands médias ont pris parti pour leur candidat fétiche (Sarko on l'aura compris) et ne sont pas objectifs (pas de débat entre candidats organisé avant le 1er tour, temps de parole déséquilibré - ça s'arrange -, CSA fraichement renouvelé à droite par Chirac, etc ....) A ce propos, le départ de Le Lay (TF1) au lendemain des élections est un indice particulièrement révélateur sur ce qu'il se passera de ce côté là après mai.

Bayrou propose, au delà d'un programme déjà ajusté, une nouvelle forme de gouverner, reposant exclusivement sur des talents confirmés et non sur des clivages historiques. La société a changé, mais le bipartisme demeure et même ne s'arrange pas. Les incartades entre le PS et l'UMP sont là pour confirmer ces tendances franchouillardes. La société a évolué, mais pas la mentalité des politiques, en particulier ces énarques assoiffés de pouvoir.

Le plus inquiétant, c'est que même dans les partis, les guerres font des ravages, dénoncées sur internet et pouvant être mises aujourd'hui au grand jour en temps réel. Ainsi l'UMP, sensée regrouper une union pour un mouvement populaire, n'est-elle qu'un grand panier de responsables de droite cherchant à récolter des postes à responsabilité (Hortefeux, Longuet, Santini fraichement débauché sous peine de dénonciation de scandales sur des contrats en IDF, etc ....) et la stratégie repose toujours sur les conflits d'intérêt qui ont toujours marqué l'UMP (cf. les clans Chiraquiens / Sarkozistes qui ont pollué ces dernières années la politique du gouvernement). Chacun vise son futur ministère et son petit pouvoir à lui, caractéristiques de ces petits chefs hargneux qui lorgnent sur tout ce qui brille sans se soucier de l'enjeu national. C'est ce qu'ils appellent une union. Le mieux, ce serait qu'ils disparaissent complètement : de l'assemblée, de la télé, de Paris Match, etc ... et que seuls quelques volontaires efficaces demeurent (Borloo, Xavier Bertrand me paraissent les moins pires). Ce serait la rupture la plus efficace.

Au PS ce n'est guère mieux : problème d'entente entre le QG de Ségo et le PS, avec Hollande qui n'arrange pas les choses. A voir le départ de Besson du PS, celui là même qui est censé chiffrer le programme, un parfait ex-futur ministre du budget qui part en fumée ... A voir aussi les querelles intestines entre les "éléphants" : d'un autre âge et sans intérêt pour le PS et les français. Le PS est devenu une grande coquille vide dans laquelle seuls les militants croient encore en une petite étoile. Pauvres gars ! Ajouter à cela une Ségo qui a kidnappé ce parti pour porter sa candidature en novembre dernier, et voilà : le spectacle a pu commencer et ce n'est pas terrible. Ne pas oublier que sur les 210 000 votants au scrutin d'investiture PS en novembre, 70 000 nouveaux adhérents (qui ne sont nullement militants car recrutés grâce entre autres à Lang sur internet) sont venus porter leur soutien à Ségo. Des purs nouveaux clients qui n'ont jamais milité ni collé des affiches, et n'en colleront jamais, mais qui ont influencé le vote et ont fait imploser le PS de l'intérieur. La France est un pays de droite, c'est une réalité. Je ne parle pas de l'extrême gauche et leur stratégie de cloisonnement aussi qui n'arrangera pas les choses ...

Et qui veut encore donner les clés de notre pays à ces gens là ? La question mérite sérieusement réflexion.

Le seul qui ne fasse pas de promesses, et entend aller au delà de ces clivages stériles, c'est FB. Quitte à voter utile donc, et sachant qu'entre Sarko (politique ultra libérale qui va accentuer les inégalités) et Ségo (promesses de gauches dont on peut parier qu'elles ne seront pas tenues car trop grosses à nous faire avaler - vous y croyez franchement vous au Smic à 1500€?? brut bien sûr - , sauf une ou deux pour marquer le coup), on aurait de toutes façons un gouvernement libéral, ne vaut-il pas mieux se porter sur le seul candidat qui ose s'affranchir de ces modèles et proposer une politique plus réaliste, quitte à moins plaire ?

Bayrou gagnerait face aux deux, car s'il est en face de Sarko, les électeurs de gauche (pas tous c'est vrai) se rallieront implicitement à lui, et dans le cas contraire, il attirera des électeurs de droite, de façon surement plus naturelle. A la limite donc, s'il est au 2d tour, il vaudra mieux pour lui avoir à affronter Ségo.

Mais rien n'est joué, tout peut changer, les sondages continuent à nous raconter n'importe quoi, Le Pen n'a pas dit son dernier mot, et les élections se jouent dans le dernier mois de campagne ... Donc prudence et ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ...

Puis, Bayrou doit encore convaincre à gauche, c'est un exercice délicat pour lui, mais qu'il doit réussir s'il veut parvenir au 1er tour, qui serait incontestablement une garantie de remporter le 2d.

En tous cas, je pense qu'un vote utile et réaliste cette année serait pour FB plus que les extrêmes qui ne font jamais avancer les choses ou les verts. Même s'il reste un vote par défaut une fois de plus (après Chirac en 2002) et non finalement par affinité naturelle.

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